Un mois d’été, en villégiature. Natalia, une Bovary russe qui s’ennuie, mariée sur ses terres, Alexis, un étudiant qui séduit malgré lui, et Verotchka, une jeune pupille enthousiaste sont réunis par le destin. Le désir circule et le trio est secoué. « Comment dénuder sur une scène l’âme des acteurs jusqu’à la rendre visible et compréhensible aux spectateurs? »

C’est le grand Constantin Stanislavsky, père du jeu de l’acteur moderne qui pose la question à propos d’Un Mois à la campagne, une pièce qui « repose sur les méandres les plus subtils de l’expérience amoureuse ». Le maître se répond à lui-même : « Ce n’est pas avec des gestes, des jeux de bras et de jambes […] qu’on peut en venir à bout.

Ce qu’il faut c’est une sorte de rayonnement invisible du sentiment et de la volonté créatrice…».Ce rayonnement, qui mieux qu’Alain Françon, pour en saisir la délicatesse et la sourde puissance ?

Après ses mises en scène mémorables de Tchekhov (Les Trois Soeurs, Oncle Vania, Ivanov, Platonov, La Cerisaie), le metteur en scène, avec Tourgueniev, s’attaque à un précurseur, peintre exigeant et bienveillant des conflits intérieurs qui bouleversent les êtres. À la fin du mois, c’est encore l’été. Seul un frisson a parcouru les prés sous le soleil d’été. Les âmes et les corps, aussi, qui ne savent pas ce qu’ils font.